La taille de la vigne

Mur en pierre envahi par la vigneLa taille de la vigne est « le » grand chantier de l’hiver ! D’abord, parce qu’il prend énormément de temps pour être réalisé, et surtout parce qu’il conditionne la qualité et la quantité de la future récolte. La vigne est une liane qui, livrée à elle-même, se développe sans limites. La production des bois prend alors le pas sur la production des fruits qui devient très irrégulière et de mauvaise qualité.

La taille a donc pour but d’éliminer certains organes de la vigne (sarments, bourgeons…) afin de limiter :

  • l’allongement des bois pour contenir son développement dans un espace compatible à la culture.
  • le nombre de bourgeons pour réguler la production. Un bourgeon est censé donner un rameau qui contiendra 2 à 3 grappes. En fonction du nombre de grappes que l’on souhaite récolter, on laisse un nombre de bourgeons bien définis.

À quelle époque a lieu la taille de la vigne ?

La taille s’effectue lors du repos végétatif de la plante : deux à trois semaines après la chute des feuilles jusqu’à la dernière semaine précédant le débourrement (reprise d’activité végétative de la plante). C’est un grand chantier qui demande beaucoup d’organisation et de main-d’œuvre qualifiée. De plus, nous l’avons malheureusement constaté ces derniers hivers, les températures moins rigoureuses provoquent un débourrement plus précoce que la normale. Les bourgeons justes sortis sont très sensibles aux gelées printanières. Donc, dans la mesure du possible, la taille s’effectue le plus proche du débourrement et dans les faits, de janvier à mars.

Les différents systèmes de taille de la vigne ?

Schéma d'un pied de vigne

Il existe 2 grands systèmes de taille pour la vigne :

  1. Taille courte : les sarments conservés sont taillés à 2 ou 3 yeux (futurs bourgeons). On les appelle alors, selon les régions, cot, coursons, porteurs, cornes…
  2. Taille longue : les sarments conservés sont taillés à plus de 4 yeux. On les appelle astes, baguettes, lattes, verges…

Ce sont ces sarments, courts ou longs, qui donneront les bois qui porteront les grappes de raisins.

Les types de tailles les plus courantes sont les suivantes :

  • Taille en guyot simple : c’est une taille mixte, car elle a un sarment court et un sarment long de part et d’autre d’un seul bras
  • Taille en guyot double : 2 sarments longs de chaque côté de 2 bras
  • Taille en cordon : 2 longs bras sur lesquels on laisse des coursons.
  • Taille en gobelet : plusieurs bras partent du tronc, 3 ou 4, sur le haut desquels on laisse de 1 à 3 coursons.

Schéma de trois types de taille

Choix du système de taille

Le choix du système de taille dépend essentiellement de la fertilité du cépage.

  • On utilise la taille longue sur les cépages peu fertiles, car les bourgeons les plus proches du cep ne se développent pas. C’est le cas pour les deux Cabernets ou le pinot par exemple. Une taille courte n’aboutirait qu’à de courts rameaux et très peu de grappes.
  • On utilise la taille courte pour les cépages fertiles à très fertiles. Tous les bourgeons se développent. Une taille longue donnerait trop de production et affaiblirait le pied. C’est le cas pour le Carignan ou le Grenache.
  • Pour les cépages moyennement fertiles, comme le Merlot, le choix dépend de la fertilité de la plante, du porte-greffe, du sol.

Particularité : la taille en gobelet est très répandue dans le Midi. C’est un système qui laisse libre le pied sans palissage (piquet + fil de fer pour dresser les rameaux). Cette conduite de la vigne lui permet de mieux résister aux vents et donc à la sécheresse. Seulement, c’est un système qui n’est pas adapté aux interventions mécaniques, ce qui peut poser un problème d’envahissement des mauvaises herbes ou d’une mauvaise qualité des traitements. C’est une taille qui est peu à peu abandonnée dans les endroits mécanisables, mais qui restent d’actualité dans les vignobles à forte pente où le tracteur ne peut pas passer. Comme à Collioure par exemple.

Mise en œuvre de la taille de la vigne

La taille se fait à la main par des tailleurs confirmés. On l’a vu, il faut absolument repérer les sarments et les bourgeons que l’on souhaite garder et où sur le cep. Chaque pied est unique et la réflexion est permanente. Aujourd’hui, les tailleurs utilisent des sécateurs électriques à batterie portative qui facilitent la taille. Si l’on compte que, par hectare, il y a en moyenne 5000 ceps, et que le vignoble français compte 750 000 hectares (sources CNIV), cela fait un certain nombre de coups de sécateurs… 😉

Que faire des sarments non gardés ?

Les sarments sont éliminés et mis au milieu des rangs. Ils sont souvent broyés pour apporter un engrais végétal naturel ou sortis du rang pour être mis en fagot et servir à nos grillades d’été !